Faiblesse du jet et sténose de l’urètre
Il s’agit d’un rétrécissement fibreux sur la courte portion de l’urètre par où s’élimine les urines de la vessie lors d’une miction. Il s’agit d’une pathologie rare chez la femme, et c’est pour cette raison qu’en cas de faiblesse du jet urinaire chez une femme, il existe d’autres pathologies à rechercher
Comment fait-on le diagnostic de sténose de l’urètre ?
En cas de faiblesse du jet urinaire ou de rétention aigue ou chronique des urines, il faudra y penser systématiquement, même s’il s’agit d’une pathologie rare chez la femme.
A l’interrogatoire, on recherche le début des troubles et la périodicité. En cas de sténose vraie, les troubles urinaires sont systématiques à chaque miction. On déterminera les antécédents chirurgicaux (cure d’incontinence urinaire ?) et médicaux (radiothérapie pelvienne, maladie neurologique). On cherchera des complications comme des infections urinaires à répétition, des fuites urinaires par regorgement, une rétention aigue d’urine très douloureuse ou une rétention aigue d’urines avec possibles douleurs sus-pubiennes.
Cliniquement, on peut retrouver un examen strictement normal, comme une rétention chronique des urines avec un « globe vésical » (= vessie remplie d’urine en permanence) souvent supérieur à un litre, pouvant aller jusqu’à la dilatation des cavités rénales avec, au pire, une insuffisance rénale.
Un examen gynécologique doit faire rechercher un prolapsus génital (cystocèle), une tumeur ou un ectropion urétral. Un examen neurologique s’impose en fonction du contexte (suspicion d’AVC, sclérose en plaque, maladie de Parkinson, syndrome de la queue de cheval, etc…)
On procédera systématiquement à une échographie abdomino-pelvienne à la recherche d’un résidu post mictionnel, mais également à la recherche d’un éventuel calcul, d’un polype de vessie ou d’une tumeur pelvienne. On réalisera une analyse d’urines (ECBU) systématique.
L’urètro-cystoscopie est souvent impossible en cas de sténose vraie, alors que dans tous les autres cas de jet faible, le passage du cystoscope ou d’une sonde se fait sans problème.
Un bilan urodynamique permet de confirmer objectivement la faiblesse du jet lors d’une débitmètrie qui mesure le volume d’urine émis par seconde et décrit ainsi la puissance du jet.
Quelles sont les causes d’une faiblesse de jet ?
Outre la sténose de l’urètre qui peut survenir après une radiothérapie ou curiethérapie gynécologique, ou une MST, il existe de nombreuses autres raisons pour avoir un jet faible.
Dans les suites d’une cure d’incontinence par pose de bandelette sous urétrale (TOT ou TVT), la bandelette peut être trop serrée. Après un accouchement traumatique ou une anesthésie longue, des rétentions d’urines chroniques peuvent survenir.
Une maladie neurologique telle qu’une sclérose en plaques, une maladie de Parkinson, une compression médullaire ou de la queuse de cheval, ou un AVC, est à rechercher mais s’avère souvent évidente au regard d’un contexte avec des symptômes non urinaires.
Un prolapsus important est responsable également de difficulté à vider sa vessie et d’un jet faible. Plus rarement, une tumeur bénigne (kyste sous urétral), maligne (tumeur de l’urètre, vulvaire, vésicale) ou une malformation (diverticule urétral, ectropion urétral) peuvent expliquer la dysurie.
Enfin, dans de nombreux cas, on ne retrouve aucune explication. On suspecte alors une inflammation des glandes sous urétrales ou des glandes de Skene proches de l’urètre, parfois associées à des infections urinaires à répétition.
Comment traiter une sténose de l’urètre ?
La sténose vraie se traite par une urétrotomie (= incision de l’urètre) ou une méatotomie sous anesthésie générale avec un urétrotome à l’aveugle.
Dans les autres cas, il faudra traiter la cause comme par exemple, une cure de prolapsus, d’ectropion ou de diverticule urétral par chirurgie, une section d’une bandelette sous urétrale, ou une ablation d’une tumeur compressive.
Dans certains cas, la cause est retrouvée mais ne peut être traitée (vessie neurologique). On réalisera un traitement symptomatique en essayant les traitements alpha bloquants comme pour un patient avec un problème de prostate obstructive. Les auto-sondages de façon temporaire ou définitifs sont très souvent préconisés et permettent parfois de récupérer. Les traitements par neuromodulation sacrée sont également efficaces. Chez les patientes âgées, la sonde vésicale à demeure reste la solution ultime.
Enfin, dans des cas où aucune cause n’est retrouvée, il peut être utile de réaliser une méatoskènectomie qui consiste à retirer les glandes sous urétrales parfois inflammatoires et responsables de la gêne.
Une faiblesse du jet urinaire nécessite une prise en charge auprès d’un urologue