
Incontinence urinaire à l’effort
On appelle incontinence urinaire d’effort (IUE) chez la femme, des pertes d’urines lors d’efforts à glotte fermée (toux, éternuements, ports de charge lourde, poussée en cas de constipation), et parfois, au moindre effort. Elle peut soit être pure (aucune fuite en dehors des efforts), soit associée à des fuites par impériosités mictionnelles (= incontinence urinaire mixte)
Pourquoi certaines femmes ont de l’incontinence urinaire d’effort ?
Il s’agit d’un inconfort extrêmement répandu, en particulier chez les femmes qui ont eu des enfants, mais aussi, chez certaines sportives qui lors de leur pratique de leur sport soumettent à leur périnée des mouvements de haut en bas (course à pied, trampoline). Elles sont plus fréquentes chez les femmes après la ménopause du fait d’un affaissement de la trophicité des muscles du périnée.
Enfin, cette incontinence peut survenir lors des rapports sexuels, ce qui peut créer une gêne vis-à-vis du partenaire, jusqu’à éviter les rapports
La rééducation périnéale post accouchement a permis de diminuer l’incidence de ces fuites à l’effort, ainsi que la prise de conscience des femmes de leur périnée.
Comment fait-on le diagnostic d’incontinence urinaire d’effort ?
Typiquement, il s’agit de femmes qui en toussant, éternuant, ou en portant des charges lourdes, vont émettre un jet d’urine non contrôlable. Avec le temps et en l’absence de traitement, ces fuites peuvent se majorer, existant même au moindre effort.
Cliniquement, on retrouve fréquemment une mobilité accrue de l’urètre à l’effort de toux, et lorsque la vessie est pleine, lors de l’examen, il est fréquent d’observer la fuite urinaire. Ces fuites urinaires seront stoppées en mettant deux doigts sous l’urètre, empêchant ainsi l’urètre de bouger en avant lors des efforts de toux, et stoppant net les fuites urinaires. Ce test s’appelle la manœuvre de Bonney et permet de prédire l’efficacité d’un traitement chirurgical dans plus de 90% des cas, par pose d’une bandelette synthétique sous urétrale (TOT ou TVT).
On fera systématiquement une échographie abdomino-pelvienne et une analyse d’urines dans le bilan d’incontinence. En cas de doute sur le type d’incontinence ou avant d’envisager un traitement chirurgical, il est possible de réaliser un bilan urodynamique (BUD) et/ou une cystoscopie.
Comment traite-t-on une IUE ?
Le traitement de l’IUE débute toujours par de la rééducation périnéale avec une sage-femme ou au mieux un kinésithérapeute spécialisé à ce type de problématique. Les méthodes utilisées pour la rééducation seront soit manuelle, soit par électrostimulation, soit par biofeed back. Le but est de faire prendre conscience aux patientes de leur périnée, leur montrer comment contracter les bons muscles et éviter de prendre de mauvaises habitudes, afin de prévenir d’une récidive. Les praticiens qui ont les meilleurs résultats avec leurs patientes sont ceux qui restent à côté tout au long de la séance, pour les guider et les coacher. Une séance pendant laquelle, la patiente est branchée à une machine pendant que le praticien va s’occuper d’autres patients est souvent vouée à l’échec, d’où l’importance de connaître des professionnels motivés. Les résultats de la rééducation sont schématiquement de 1/3 de guérison, 1/3 d’amélioration avec persistance de fuites urinaires et 1/3 d’échecs. Dans les deux derniers cas, il est possible de bénéficier d’une chirurgie d’incontinence urinaire
Le traitement chirurgical de l’IUE est dominé par la pose d’une bandelette sous urétrale de type TOT (passage en trans-obturateur) ou TVT (passage en sus pubien). La bandelette qui se fixe par son maillage aux tissus de la patiente en quelques semaines, permet de renforcer le plancher sur lequel repose l’urètre qui va s’écraser lors des efforts, et stopper les fuites. En cas d’IUE pure, le traitement est efficace dans plus de 90% des cas et de façon durable avec une absence de fuites dans plus de 70% à 10 ans.
En revanche, même si l’intervention est courte (environs 15 minutes) et se fait en ambulatoire, elle n’est absolument pas dénuée de complications ou d’effets secondaires.
Les deux types de bandelettes peuvent donner un jet plus faible, un résidu post mictionnel (vessie qui ne se vide pas complètement, voire une rétention aigue ou chronique des urines (avec risques d’infections urinaires à répétition, vessie claquée) si la bandelette est un peu trop serrée. Il faudra alors desserrer la bandelette au bloc opératoire rapidement avant que la bandelette soit complètement incrustée et figée dans les tissus propres de la patiente. Il est possible également de proposer des autos-sondages le temps que la vessie récupère. On peut enfin sectionner cette bandelette et attendre trois mois avant d’envisager en reposer une autre.
Avec la bandelette TOT, des douleurs des muscles adducteurs sont également décrits en post opératoire, mais celles-ci doivent disparaître en trois jours. Dans le cas contraire, il faut retirer la bandelette tant qu’il est encore temps avant que celle-ci ne soit inextirpable.
En raison de complications, parfois très sévères avec des bandelettes de mauvaise qualité sur le marché mondial, certains pays ont limité la pose de ces bandelettes sous urétrales, proposant des techniques chirurgicales « du siècle dernier ». En France, toutes les bandelettes utilisées ont la norme CE et sont éprouvées qualitativement depuis des années. Cela dit, il est maintenant demandé aux chirurgiens qui posent ces bandelettes d’incontinence de présenter chaque cas lors d’une réunion pluridisciplinaire pour valider l’indication opératoires.
En cas d’échec de la pose de TOT ou TVT, il est possible de poser un sphincter artificiel.
En cas d’incontinence urinaire à l’effort, il faudra consulter auprès d’un urologue ou d’un gynécologue.