Chancres vulvo vaginaux
Un chancre est une lésion infectieuse génitale qui se manifeste par une érosion ou une ulcération dont l’aspect peut être très variable selon le type de maladie en cause.
Une lésion érosive vulvo-vaginale doit faire penser à une MST, et doit être dépister et traiter au plus tôt afin de ne pas contaminer son ou ses partenaires sexuels et éviter certaines complications spécifiques de certaines maladies vénériennes.
Les principaux chancres vulvaires rencontrés sont l’herpès génital et le chancre syphilitique. Les candidoses ulcérées et le zona vulvaire sont plus rares. Dans certaines zones d’endémies, on retrouve des chancres mous (Haemophilus Ducrey), le lymphogranulomatose inguinale ou maladie de Nicolas Favre (Chlamydia trachomatis), la Donovanose ou granulome inguinal (calymmabacterium granulomatis), le chancre scabieux (gale).
D’autres lésions ulcérées non infectieuses doivent être connue comme l’aphtose vulvaire, l’eczéma et surtout le cancer de la vulve qui représente le diagnostic différentiel à garder toujours en tête lorsqu’on découvre un chancre vulvaire.
Comment fait-on le diagnostic de chancre vulvo vaginal ?
Le diagnostic clinique est primordial et permet de différencier le type de lésion la plupart du temps.
L’Herpès génital, qui est dû au virus herpétique (Herpès Simplex Virus =HSV), se manifeste par une exulcération inflammatoire, douloureuse, non induré, extrêmement contagieuse, souvent multiple à n’importe quel endroit de la vulve, avec des microvésicules autour de la lésion, et des adénopathies (=ganglions) satellites. Il peut s’agir d’une primo infection (1ère infection) avec des signes plus intenses ou d’une récurrence (nouvelle poussée).
Le chancre syphilitique (dû à un parasite Treponema pallidum) se manifeste par une exulcération (= ulcération plus superficielle) unique, indurée, indolore, de 5 à 15 mm de diamètre, à fond propre et à limite nette. On retrouve également des adénopathies satellites. Le diagnostic se fera par la sérologie.
Plus rare, le zona vulvaire sera évoqué sur les lésions ressemblant à de l’herpès mais sur une seule zone implantée sur un territoire nerveux bien caractéristique.
Le chancre mou est une infection bactérienne causée par la bactérie Haemophilus Ducrey. Elle se manifeste par des papules et des ulcérations génitales douloureuses associées à une tuméfaction et une suppuration des ganglions lymphatiques inguinaux. Le diagnostic est habituellement clinique car la bactérie est difficile à cultiver.
La maladie de Nicolas Favre ou lymphogranulomatose inguinale est un chancre unique et indolore génital en lien avec une infection bactérienne par Chlamydia trachomatis. Elle s’accompagne d’adénopathies (= ganglions) inguinales qui peuvent fistuliser. On retrouve une incubation de 3 à 30 jours après un rapport sexuel contaminant. Il peut s’y associer des douleurs articulaires et de la fièvre. Localement, la lésion peut donner un aspect induré définitif des zones infectées, avec aspect d’œdème vulvaire et même un lymphœdème d’une jambe.
La Donovanose ou granulome inguinal, due à une bactérie « mangeuse de chair » appelée Klebsiella granulomatis, mais se manifeste également comme une lésion génitale après rapport sexuel et une incubation de 10 à 40 jours. On retrouve au début des nodules et des gonflements qui prennent en volume et éclatent, laissant des plaies ouvertes, suintantes et malodorantes. En l’absence de traitement, ces lésions progressent et peuvent s’infecter. Cette maladie très peu développée en Europe, se manifeste principalement en Amérique du Sud (caraïbes, Brésil), en Asie (Inde) et en Afrique (Nouvelle Guinée Papouasie, Afrique du Sud), et touche aussi bien les hommes que les femmes.
Un aphte génital se décrit comme une lésion aphteuse classique telles qu'on peut en avoir dans la bouche avec une exulcération limitée et un fond qu'on décrit comme « beurre frais », avec un pourtour inflammatoire douloureux. Un aphte à ce niveau doit faire rechercher des aphtes dans la bouche (= aphtose bipolaire) dans le cadre d'une maladie de Behçet.
Une lésion érythémateuse, indolore, qui résiste aux différents traitements, chronique, plus ou moins indurée, doit faire penser à un cancer de la vulve (cf fiche) Il est impératif d'aller consulter un gynécologue ou un dermatologue dans ce type de situation afin de prévoir éventuellement une biopsie.
Dans des cas très rares, une infection vulvaire ou périnéale avec des bactéries anaérobies peut générer une nécrose rapide du périnée appelée gangrène de Fournier (ou fasciite nécrosante), surtout chez les patientes immunodéprimées. Cette pathologie gravissime retrouve une évolution extrêmement rapide des lésions périnéales (1cm par heure) avec des signes généraux comprenant de la fièvre, une grande fatigue, pouvant aller jusqu’au choc septique et le décès sans prise en charge urgentissime.
On peut palper un crépitement sous cutané lié à la présence de gaz dans les tissus. Le scanner pelvien permet de faire le diagnostic avec du gaz présent dans les tissus sous cutanés et impose une prise en charge au bloc opératoire rapidement suivie d’une antibiothérapie en service de réanimation la plupart du temps. Le taux de mortalité avoisine les 50%.
Quelque soit l’aspect clinique du chancre, on réalisera un bilan infectieux systématique comprenant une sérologie syphilitique (TPHA et VDRL), un prélèvement pour recherche d’HSV(Herpès virus simplex) par PCR, un prélèvement pour examen direct au fond noir.
Puis, on réalisera des examens complémentaires orientés en fonction des orientations diagnostiques évoquées.
Un bilan IST (= infection sexuellement transmissible) complet sera également demandé avec une sérologie VIH (SIDA), VHB et VHC (hépatites B et C) et une PCR Chlamydia
Comment traite-t-on un chancre ?
Selon le type de chancre, le traitement varie :
Pour le chancre herpétique, ce dernier disparaitra spontanément au bout de de 5 à 6 jours mais seulement au bout de 2 jours à l'aide d'une crème anti herpétique à base d'Aciclovir.
Il s'agit d'une maladie virale qu'on ne guérit pas et dont les virus restent quiescents dans les ganglions neuronaux de proximité et peuvent, en cas de stress ou sans raison particulière, donner de nouvelles lésions qu'on appelle des récurrences.
Pour le chancre syphilitique, le traitement se fait par simple antibiothérapie, à savoir, une injection unique de benzathine benzylpénicilline (2,4 MU), par voie intramusculaire (IM), ou en cas d'allergie à cet antibiotique, de doxycycline, de la famille des cyclines, pendant 10 à 15 jours. En l’absence de traitement à ce stade, le chancre va disparaître mais la maladie va réapparaître en syphilis secondaire ou tertiaire pouvant aller jusqu’à des complications neurologiques graves.
Pour le chancre mou, le traitement se fait par des antibiotiques à base de macrolides, céphalosporines de 3e génération, ou des fluoroquinolones.
Pour la maladie de Nicolas Favre, le traitement se fait par des antibiotiques pour traiter l’infection, et la chirurgie pour réparer les zones indurées. Enfin, il existe un risque de stérilité définitive dans ce type d’infection en cas de traitement trop tardif.
Pour la Donovanose, le traitement antibiotique est efficace mais doit être prolonger au moins trois semaines, en tout cas jusqu’à disparition des lésions
Evidemment, la prévention est ici essentielle, par le port de préservatif du partenaire, si son statut sérologique n’est pas connu, ou par la réalisation de bilan d’IST pour les deux partenaires lorsqu’il est question de ne plus utiliser de préservatif.