
Mutilations sexuelles
Selon l’OMS, Les mutilations sexuelles féminines désignent toutes les interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme et/ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins pratiqués à des fins non thérapeutiques.
On parle ici de clitoridectomie (= ablation partielle ou totale du clitoris), d’excision (= ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres avec excision ou non des grandes lèvres) ou d’infibulation (= suture de l’orifice vaginale ou mise en place d’un anneau au travers des petites lèvres afin d’empêcher tout rapport sexuel).
Ces pratiques encore très pratiquées dans certaines régions d’Afrique, de proche Orient et d’Asie sont heureusement strictement interdites en France et considérées comme une mutilation passible d’une condamnation d’emprisonnement et d’amendes.
L’excision dont l’origine semble antérieure au christianisme et à l’islam, est le reflet d’une inégalité entre les sexes et traduit le contrôle exercé par la société sur les femmes. Il serait donc erroné de croire seule la religion sert de justification de l’excision. En effet, si le maintien de la pratique est sous-tendu par un ensemble de croyances culturelles, religieuses et sociales, les raisons invoquées par les groupes qui perpétuent l’excision peuvent varier selon la région, l’ethnie ou la communauté.
Pour beaucoup de ces groupes, l’excision constitue une norme sociale, avec un sentiment d’obligation très fort, si bien que, les familles, mêmes conscientes des répercussions d’un tel geste sur la santé de leurs filles, préfèrent perpétuer la pratique, plutôt que de subir des jugements moraux et des sanctions pouvant aller jusqu’à l’impossibilité pour une fille de se marier. Dans ces familles, l’excision est vécue comme une étape nécessaire à la bonne éducation d’une fille et est considéré comme une façon de les protéger.
Il n’empêche que cette « tradition » a des conséquences lourdes sur le plan physique et psychologique sur ses millions de femmes qui la subissent.
125 millions de femmes ont été excisées dans le monde. 5% de ces femmes vivent en Europe et environ 50.000 vivent en France.
Quelles sont les conséquences des mutilations sexuelles ?
Les conséquences des mutilations sexuelles féminines sont d’ordre physique, psychologique et sexuel.
Physiquement, les femmes peuvent ressentir une gêne, des douleurs chroniques ou une dyspareunie. Certaines femmes vont développer un kyste épidermique à la place de l’ancienne tête du clitoris.
Sur le plan sexuel, les femmes ressentent moins de plaisir ou d’excitation, avec une baisse de la lubrification et des orgasmes rares ou inexistants, qui contribuent à une satisfaction sexuelle de ces femmes très en dessous de ce que devrait éprouver une femme avec une anatomie conservée.
Sur le plan psychologique, il existe souvent un fort sentiment d’avoir été volée d’une partie intime de leur corps, de ne plus se sentir femme, et revendique, une fois la parole libérée et les tabous levés, le droit à une réparation.
Cliniquement, l’examen clinique fait l’état des lieux des mutilations subies au niveau du clitoris, des petites et grandes lèvres et de l’orifice vaginale. Il fait un bilan de ce qui a été retiré, d’éventuelles conséquences physiques (kyste épidermique) et de ce qui reste anatomiquement pour envisager une réparation.
La démarche personnelle qui amène une femme ayant subi des MSF est difficile, car elle s’oppose à la pression familiale, sociale et culturelle de leurs racines. Une prise en charge ne peut se faire efficacement sans une prise en charge pluridisciplinaire.
Quelles sont les traitements proposés pour réparer les mutilations sexuelles ?
Avant de penser au traitement chirurgical proprement dit, il est d’abord nécessaire de savoir dépister et informer les femmes qui ont été victimes de MSF, qu’il existe des solutions. Les associations de femmes excisées, les groupes de paroles dans des forums sur internet, et les services sociaux contribuent à ce que les femmes soient prises en charge pour leur rendre au mieux leur intégrité physique et leur identité. Les gynécologues, sexologues ou psychologues peuvent tour à tour aider à la reconstruction anatomique, sexuelle et psychologique de ces femmes.
Sur le plan chirurgical, l’excision est très souvent réparable car le clitoris est un organe très long, avec un gland qui n’est que la partie en surface et avec un corps du clitoris situé sous le pubis. Après l’excision (= ablation du gland du clitoris), le corps du clitoris restant peut être libéré de la fibrose post opératoire et basculé en position anatomique, en faisant ressortir un néogland, qui au fil du temps va permettre aux femmes de ressentir une amélioration nette du plaisir et des orgasmes lors de l’acte sexuel et une diminution des douleurs
Outre l’amélioration physique et des performances sexuelles, la chirurgie permet dans l’immense majorité des cas de retrouver une image corporelle et un retour à la « normalité » fortement apprécié par les patientes.
Les autres techniques chirurgicales sont la désinfibulation ou la « séparation des petites lèvres » et l’ablation d’un kyste épidermique.
Une fois opérée, la prise en charge sexologique prend toute son importance pour une réhabilitation plus complète.